ferme des animaux (La) de George Orwell

	Gallimard Folio 1984, 150 p. ISBN : 2070375161	George Orwell Lien(s) vers le Guide: - George Orwell - ferme des animaux (La)
Lectures de �  Avril-mai-juin 2006 � : - yeux jaunes des crocodiles (Les) - �tat d'urgence - Sur la route de Gandolfo - chute (La) - Bienvenue au club - colline des chagrins (La) - �mes grises (Les) - ferme des animaux (La) - fleurs du mal (Les) - Jack Palmer - L'affaire du voile - joueuse de go (La) - h�ritage (L'), tome 1 - Eragon

�crite entre 1943 et 1944, cette fable moderne met en sc�ne des animaux qui se r�voltent contre l'�go�sme du fermier, et d�montre comment le pouvoir peut corrompre et trahir les id�aux des r�volutions. Il s'appuie en fait sur l'exp�rience sovi�tique et choisit pour acteurs principaux deux cochons qui m�nent la r�volte.
Orwell ma�trise cette �criture qui est la sienne : froide et lisse, sans ornements, �carts ou ambigu�t�s...
Cette � esth�tique de verre � vitre � qui l'�loigne de la tradition litt�raire fran�aise. Mais dont il faut souligner l'efficacit� au regard de l'essentiel : la d�nonciation de la politique comme art de tromper. En t�moignent l'absurdit� voulue donn�e aux commandements mis en sc�ne dans La Ferme des animaux.
On pourrait dire que si Moli�re a eu l'audace et le g�nie de s'attaquer � l'hypocrisie religieuse, Orwell a su affronter la perversion politique, celle qui permet de retourner en son contraire un id�al, pour mettre au service d'un syst�me mal�fique l'�lan r�volutionnaire du peuple.
Il a vu que le fascisme ne peut �tre r�duit � l'expression du capitalisme, mais se nourrit des aspirations socialistes qu'il pervertit. Et, surtout, il a compris le stalinisme, cette germination au coeur m�me de la r�volution de son contraire, ce despotisme bureaucratique, rendu terrible par sa capacit� � se nourrir des �nergies militantes tromp�es. Mais si, dans de tels labyrinthes, Orwell, malgr� son ignorance du marxisme et son refus des partis, a su ne pas s'�garer, c'est gr�ce � une orientation politique. Orwell, sur la base de son exp�rience, fait montre d'un profond pessimisme � propos de la politique : � La politique par sa nature m�me, implique violence et mensonge. �
Il est loisible de parler d'un rejet de la politique au nom de valeurs :
C'est une construction, une analyse subtile autour du th�me de � l'horreur de la politique �, qui appelle discussion. Le paradoxe pourrait conduire � voir dans l'humanisme lucide d'Orwell une inclination au mysticisme. En Catalogne, il a d�couvert les monstruosit�s staliniennes, mais celles-ci n'ont pas pris en lui le dessus sur l'exp�rience chaleureuse de la R�volution, cette fraternit� dans l'�galit�. Il revient de l'enfer en expliquant � je crois au socialisme �, et capable de lucidit� quant � l'efficacit� militaire des milices au regard des arm�es bourgeoises, et d�clarant dignement : � Quand on a eu un aper�u d'un d�sastre tel que celui-ci [...], il n'en r�sulte pas forc�ment de la d�sillusion et du cynisme � (Hommage � la Catalogne).
Certes, il se m�fie des cat�gories abstraites et des id�ologies, mais il sait visc�ralement de quel c�t� il est. � Je n'ai pas un amour particulier pour l'"ouvrier" id�alis� tel que se le repr�sente l'esprit bourgeois du communiste, �crit-il, mais quand je vois un v�ritable ouvrier en chair et en os en conflit avec son ennemi naturel, l'agent de police, je n'ai pas besoin de me demander de quel c�t� je suis. �

Lu il y a plus de 20 ans, j'ai pris �norm�ment de plaisir � relire cet ouvrage qu'on pourrait qualifier d'intemporel et m�me d'universel. En effet, lorsque les hommes (ou les animaux) ont le pouvoir, ils deviennent tr�s pr�visibles, quelques soient leurs pays, leurs origines sociales, leurs convictions politiques. Les belles id�es, la g�n�rosit�, l'entraide disparaissent vite devant le mensonge, l'app�t du gain et l'�go�sme, voire l'�gocentrisme !
Tout commen�ait bien avec la r�volution de sage l'Ancien mais que voulez-vous qu'il advienne quand c'est un cochon r�pondant au nom de Napol�on qui prend la rel�ve ? Les lois sont l�g�rement modifi�es, les plus loyaux comme le cheval Malabar n'y voient que du feu. Ceux qui oseraient s'insurger comme le cochon Snowball , se verront aussit�t transformer en paria, responsable de tous les maux du groupe. On fabriquera m�me des preuves pour les faire tomber...
Il suffit d'ouvrir un journal pour se rendre compte que ce sont toujours les m�mes moyens qui sont utilis�s, que les profiteurs savent utiliser leurs pouvoirs pour faire croire aux autres que tout cela est tout � fait normal et que cela est m�me fait pour leur bien !
Les derni�res phrases du roman sont sublimes : � dehors, les yeux des animaux allaient du cochon � l'homme et de l'homme au cochon, et de nouveau du cochon � l'homme; mais d�j� il �tait impossible de distinguer l'un de l'autre. �

Livre qui malgr� le fait qu'il a �t� publi� en 1947, ressemble beaucoup � une fable politico-moderne. Un vrai petit bijou !
En Angleterre, les animaux de la ferme se rebellent. Les cochons dirigent donc le nouveau r�gime avec leurs propres r�glements.
Que vont-ils devenir ? C'est ce que nous raconte ce livre et moi j'ai bien aim�.

Cyriaque Benoist, 16 septembre 2006
Je lui donne la note de :

Ce livre devrait �tre lu par tous les enfants, car c'est un excellent moyen p�dagogique pour leur expliquer les dangers de la dictature, la difficult� de la d�mocratie, enfin une excellente fa�on de leur parler d'�ducation civique, mati�re en g�n�rale per�ue comme ennuyeuse, et qui a pourtant vocation � former les citoyens �clair�s de demain !

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