comment adhérer
fonctionnement
foire aux questions
- Sélection du trimestre
- Nouveaux membres
- Top 5 2013
- Dernières critiques :
- des membres
- des visiteurs
- auteurs du mois
- Titres
- Auteurs
- Auteurs du mois
- Top 5 2012
- Top 5 2011
- Top 5 2010
- Top 5 2009
- Top 5 2008
- Top 5 2007
- Top 5 2006
- Top 5 2005
- Top 5 2004
- Top 5 2003
- Top 5 2002
- Top 5 2001
- Top 5 2000
Suite à un commentaire, d'un autre participant du Club (sur notre liste de discussion), Christiane à rajouté ceci sur Les bienveillantes : « Je n'ai pas encore compris le titre » Ce qui me l'a mieux fait comprendre est une interview de Jonathan Littell à la radio, une petite radio sur Internet Vivre FM. « Les Bienveillantes » (« Les Euménides »), c'est le nom qu'Eschyle donne aux Erinyes dans la dernière de ses tragédies. Littell décalque « L'Orestie », sur un ton décalé et badin, comme je ne l'avais pas tout de suite non plus saisi. Pour rappel, dans la mythologie grecque, Eschyle représente en 458 av notre ère, une trilogie dramatique : « L'Orestie » aux Grandes Dionysies d'Athènes. Elle est composée de trois tragédies centrées sur la geste des Atrides : Agamemnon, Les Choéphores et les Euménides. La dernière des tragédies dit qu'après une longue errance, Oreste, toujours poursuivi par les Érinyes, arrive au sanctuaire d'Apollon à Delphes où il est purifié. Il est ensuite présenté devant l'Aréopage (tribunal athénien) et jugé par Athéna. Elle lui donne raison et les Érinyes deviennent les Euménides (les bienveillantes). Max Aue sera cet Oreste qui échappe à toute justice, la comparaison va encore plus loin dans les 900 pages du roman. L'explication du titre n'est donc aucunement innocent ! Elle se trouve dès le départ du roman (y compris imprimé sur le quart de couverture) : à l'instar des divinités vengeresses, Max est l'une elles, ce qui donne le ton: il n'est jamais jugé et termine ses jours tranquillement. Dans cette interview, Jonathan Littell explique que si en effet il lui a fallu du temps pour sa documentation, ses recherches etc. ce sont quatre mois qui lui ont suffit à la rédaction de son pavé. Puis après l'acceptation de Gallimard de le publier, quelques mois de plus pour réviser le texte, le mettre en rythme etc. Au passage, j'ai bien aimé la raison que donne l'auteur pour rester si discret : « S'intéresser à un auteur et sa vie parce que l'on aime son livre, c'est comme s'intéresser à la vie d'un canard parce que l'on aime le foie gras ». (sic) Oui Max est un anormal, un jeune intellectuel névrosé et c'est voulu : ainsi dispose-t-il d'une forte capacité à se raconter, raconter les « autres normaux » pères de famille sans histoire. N'ayant ni femme ni enfant au moment des faits, peu actif par lui-même, il se place un peu en exergue de tout et témoigne... C'est une clé de lecture du roman, dérangeante, mais sans laquelle ce roman n'aurait plus aucune crédibilité. Il ne se justifie ni se cherche des excuses, « Frères humains »... commence-t-il, la seule façon de trouver un personnage ""neutre"" dans un monde devenu l'espace d'une vingtaine d'années encore plus dingue que lui. Il fallait un personnage sans réels principes moraux pour raconter l'irracontable ! Claude Lanzmann, l'auteur de Shoa a dit avoir beaucoup aimé ce livre, tant par la précision des faits que pour les apports nouveaux qu'il n'a pu en son temps exprimer. Les Bienveillantes est un chef d'oeuvre, avec celles et ceux qui vont apprécier ou non, mais fera date dans l'histoire de la littérature. Maintenant il est un fait que ces textes sont durs parfois, mais expriment bien une forme de pensée dite « unique » de l'époque.
© BouquiNet 1997-2010, St-Eustache, Québec, Canada Un site du Guide de la bonne lecture